Ce monde qui vient
EAN13
9782246681298
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Ce monde qui vient

Grasset

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Depuis que l'histoire s'est remise en mouvement, après la chute du communisme,
les Occidentaux oscillent entre le culte des dates et le goût des prophéties.
Côté dates, 1989 aurait clos le vingtième siècle et le 11 septembre 2001
aurait ouvert le vingt-et-unième. Côté prophéties, nous avons connu l'irénisme
dans les années quatre-vingt-dix, la paix et la prospérité étant supposées
régner pour « les siècles des siècles », puis après les Twin Towers, le
conflit des civilisations et une troisième guerre mondiale d'un nouveau type.
Tel est le mélange de faits et de simplismes qui nourrit notre quotidien. Il
occulte les forces souterraines à l'oeuvre qui établissent le décor du théâtre
mondial. Ces forces mêlent fatalité, paradoxe et hasard. Elles portent en
elles le poids des phénomènes qui relèvent de « l'histoire longue »
braudelienne : traditions, identités, cultures. Quelques-unes se lisent à
livre ouvert ; d'autres sont encore inscrites à l'encre sympathique. Exemple
des premières : la transformation des Etats-Unis, d'un nouveau monde qui nous
ressemblait tant, à un autre monde qui nous est de plus en plus étranger.
Exemple des secondes : le développement, à terme, d'un modèle capitaliste
chinois qui pourrait donner raison aux prophéties les plus noires sur le
destin de l'économie libérale. Mais où classer la plasticité de l'Occident,
dont celui-ci est inconscient, et qui avalera le terrorisme, comme il l'a fait
pour tant d'autres chocs ? Et la plus grande faiblesse de notre système
économique, qui ne tient pas au risque d'accident sur les marchés mais à
l'absence de social-démocratie dans les nouveaux pays émergents ? De même,
doit-on regarder l'Europe comme un « OVNI » dans le monde contemporain ou, au
contraire, comme l'illustration même de la modernité, sa complexité témoignant
de son adaptabilité ? La France est malheureusement à mille lieues de ces
débats-là. Plus « village gaulois » que jamais, en pleine régression dans sa
compréhension du monde, elle choisit des mauvais enjeux et ignore les vrais.
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