Manifeste pour une civilisation démocratique, Sociologie de la liberté
EAN13
9782365124119
ISBN
978-2-36512-411-9
Éditeur
Croquant
Date de publication
Nombre de pages
388
Dimensions
23 x 15 x 2 cm
Poids
560 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Manifeste pour une civilisation démocratique

Sociologie de la liberté

De

Croquant

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Le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, a été arrêté en 1999 par l’État turc. Condamné à mort, après une parodie de justice, sa peine a été commuée à la réclusion à perpétuité après l’ abolition de la peine capitale. Depuis, il est incarcéré sur l’île d’Imrali. Au mépris de toutes les conventions internationale et européennes, il est maintenu à l’isolement et privé régulièrement des visites de sa famille et de ses avocats.
Du fond de sa prison, il s’emploie à poursuivre une réflexion théorique et pratique qui se situe dans la lignée des grandes pensées émancipatrices. Cette création intellectuelle s’effectue dans des conditions difficiles puisqu’il est privé d’ouvrages de référence et parfois même du simple matériel d’ écriture.
Ces plaidoyers traduisent une érudition profonde, une pleine conscience des enjeux contemporains et une volonté absolue de frayer de nouveaux chemins vers la liberté des peuples et plus particulièrement celle du peuple kurde.
Dans son appréhension de l’ étude globale des sociétés humaines, A. Öcalan centre sa réflexion sur la véritable guerre livrée au vivant par l’impact des activités humaines dans le cadre du système capitaliste d’ accumulation, d’ appropriation privée et de dynamiques socio-écologiques qui y sont associées. Ce système épuise les ressources, contribue au changement climatique, génère des crises multiformes, renforce les formes de domination et d’inégalités lézardant les illusions de la toute-puissance des technosciences. Mais si l’humanité est confrontée à l’ évidence de sa fragilité, les puissances dominantes conservent la même grammaire qui s’ articule autour de la compétition, de l’exclusion, du conservatisme et de l’ autoritarisme.
L’impératif de l’ accumulation, de la valorisation du capital ainsi que le productivisme compulsif sont à la source du chaos actuel. Mais le capitalisme n’est pas seulement un système économique organisé autour de la production marchande. Il est aussi une civilisation impliquant des conceptions spécifiques de l’être humain et du rapport au monde ainsi que des modes de production des subjectivités. Pour A. Öcalan, on ne peut espérer sortir de ce système sans récuser une conception de la modernité qui a comme principaux fondements le naturalisme, c’est-à-dire la coupure Homme-Nature, l’illusion du sujet autonome et l’universalisme abstrait qui ont accompagné l’essor de l’hégémonie occidentale qu’il qualifie d’« eurocentrisme ».
A. Öcalan entend s’interroger sur les fondements de la modernité en dépit du fait que son socle actuel se veut absolu, total et empreint d’ évidence. Or cette modernité a depuis longtemps commencé à mettre fondamentalement en question la légitimité des structures d’intelligibilité qu’elle a promues et qui s’impose partout.
A. Öcalan, sur le mode d’un dialogue contemporain, en mesure la précarité et rejoue son procès dans une dispute fondamentale. S’ appuyant sur une diversité de courants qui a déjà porté la critique d’une modernité qui se fissure, il éprouve le besoin, à son tour, de requestionner, d’ approfondir le mouvement même du fond.
Cette exigence est rendue nécessaire par l’ échec des régimes qui se réclamaient du « socialisme réel ». A. Öcalan se livre à une critique sans concession de ces systèmes qui ont substitué à l’ égalité sociale un égalitarisme frustre, qui ont érigé une redoutable mythologie de l’État au lieu de s’inscrire dans le dépérissement de l’État de classe et qui ont brimé la dimension individualiste de l’ émancipation sociale. Pour A. Öcalan on ne pouvait pas identifier l’ avenir du mouvement émancipateur à ces scléroses et à ces dictatures.
Devant cette déstructuration du monde, face au dévoiement des espérances révolutionnaires et à la montée de toutes les formes d’insécurité humaine, A. Öcalan pose l’exigence de nouveaux paradigmes afin d’ouvrir de nouveaux possibles pour le monde de demain.
Pendant longtemps, les groupes humains ont été circonscrits. Nos cadres de pensée ont été façonnés par cette longue durée. Il n’est donc pas facile de concevoir et de penser ces évolutions. S’ arc-bouter dans les voies passées serait une erreur tragique. Sans cette méditation incessante, les luttes émancipatrices patinent, reproduisent les mêmes erreurs et perdent un temps précieux
Il est infiniment difficile de donner consistance à un imaginaire alternatif. Certes le monde de demain ne sera pas un nouvel Eden mais à n’en pas douter, les notions de puissance, de domination et de pouvoir, selon A. Öcalan, seront à réinventer. Rien ne sera possible sans rupture avec le productivisme capitaliste, le monopole étatique et les fondements anthropologiques de la modernité actuelle.
Les plaidoyers d’ Abdullah Ocalan contribuent à n’en pas douter à ce qu’ advienne une mondialité ouverte à la diversité, attentive aux interdépendances, à l’ altérité, soucieuse de justice sociale, de solidarité et respectueuse du droit des peuples et notamment celui du peuple kurde.
Le Confédéralisme démocratique, initié par A. Öcalan, développe depuis quelques années une vision originale de la société puisant tout à la fois dans un héritage marxiste, dans le municipalisme libertaire et l’ écologie sociale, s’ appuyant notamment sur des penseurs radicaux postmodernes. Ce programme demeure largement à l’ état de projet car le contexte de guerre entrave sa mise en oeuvre. Il connaît cependant un début d’ application au Rojava (Syrie) mais aussi dans les municipalités kurdes de Turquie et se décline autour des thématiques de la démocratie sociale, du fédéralisme, du féminisme et de l’ écologie.
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