L'inconscience

Thierry Hesse

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    3 décembre 2012

    Carl et Marcus Vogelgesang sont deux frères nés dans la France Alsacienne des années 60. Cinquante plus tard, Marcus l’aîné est professeur d’ethnologie et vit à Roubaix. Célibataire et sortant avec des étudiantes deux fois moins âgées que lui. Tandis que Carl est marié, a trois enfants et un emploi de cadre dans une compagnie d’assurances. Deux frères et deux vies différentes.

    Si au chemin tout tracé et conventionnel du cadet s'oppose le parcours hasardeux de Marcus, Carl est plongé dans le coma après avoir fait un virage de 180 degrés dans sa vie. Cet homme posé et responsable a lâché son travail pour ouvrir avec un certain Stern un cabinet d’assurances à Metz. Mais surtout il a quitté femme et enfants pour s’installer avec lui. Le tout en quelques semaines. Marcus se rend à son chevet et essaie de comprendre ce qui pu se passer. Et voilà comment l'auteur nous raconte l’itinéraire des deux frères en le plaçant dans le contexte familial et social. Quand Carl étudiait les finances, Marcus avait déjà déserté l’école. Epris de musique et de liberté, il avait bourlingué en Espagne et se laissait porter par le vent des aventures, postant une carte postale de temps en temps à sa famille. Les deux frères se sont perdus de vue durant plusieurs années avant de se retrouver et de renouer des liens.

    Thierry Hesse amène le lecteur à se poser des questions sur la fraternité et sur le rôle sous-entendu de l’aîné sans tomber dans l’analyse (ou la pseudo analyse). Sur fond de mutation des villes de province, il dresse le portait d’une société où l’importance de l’argent, la sécurité proférée par son aura alimente les compagnies d’assurance. Avec une ironie aiguisée et un véritable talent de narrateur, Thierry Hesse signe un roman riche, maitrisé où les références musicales rock se fondent, s’incorporent harmonieusement.
    Ce roman apporte son grain de sel piquant, délicieux, étonnant dans un paysage littéraire français trop souvent uniforme et m’a plus que séduite!
    Seul petit bémol, la fin peut laisser une sensation inassouvie en terme de point final.