Edward van de Vendel fait son entrée au catalogue des éditions Didier Jeunesse en compagnie du jeune et talentueux Anton Hertbruggen avec ce magnifique album, Le Chien que Nino n'avait pas. Nino vit dans une maison, aux larges baies vitrées ouvertes sur la forêt avoisinante. Lorsqu'il joue, rend visite à sa grand­-mère et même lorsqu'il pleure, Nino est accompagné de son chien, celui qu'il n'a pas. Ensemble, ils font tout et ce chien qu'il n'a pas est pour Nino un véritable ami. Mais un jour, il disparaît et un autre chien arrive. Un que Nino n'est plus seul à voir, un chien différent, mais ce n'est pas grave puisqu'il y a encore de la place dans les rêves de Nino pour de nombreux animaux extraordinaires. Edward Van de Vendel a écrit un texte simple, sobre, qui laisse le champ libre aux pinceaux d'Anton Hertbruggen. Ce sont les couleurs qui frappent d'abord. La combinaison de teintes rétro – vert canard, bleu profond et camaïeu de marron, orange et jaune moutarde – crée une atmosphère mélancolique. Rien de pesant toutefois car le trait est nerveux, le style réaliste. Dans ce premier album, Anton Hertbruggen nous montre toute l'étendue de son talent. Ses images s'accordent parfaitement au texte et le tout nous transporte!

Quel est cet étrange album à la couverture argentée et percée d’un carré? Le livre une fois ouvert, ce trou devenu rectangulaire est une vraie fenêtre à travers laquelle l’enfant va observer le monde qui l’entoure. Sur chaque double page sur fond noir, une question en écriture manuscrite est posée à l’enfant: «Vois-tu des choses de couleur rouge, orange, bleue et verte?», «Y a-t-il des choses qui font du bruit?», «Des choses qui sont près, des choses qui sont loin?»… Ces questions interpellent le lecteur à chaque page, ce «petit curieux», et l’invite à découvrir le haut et le bas, des formes, des lettres, des chiffres et toutes sortes de choses à voir, à entendre ou à toucher. Avec ce livre-objet, Édouard Manceau renouvelle avec brio le genre et pique la curiosité des petits au-delà des mots.

Sophie a été trouvé bébé dans un violoncelle, flottant sur la Manche. Recueillie par Charles Maxim, un être érudit et fantasque qui «parle anglais aux personnes, français aux chats et latin aux oiseaux», elle va grandir à ses côtés et bénéficier d’une éducation décalée mais tellement riche de découvertes et de libertés. Nous sommes au XIXe siècle, les services d’aide à l’enfance ne voient pas ces méthodes d’un très bon œil et dès les douze ans de Sophie, ils décident de reprendre en main son éducation. Le choix sera alors celui de la fuite. Une fuite vers Paris à la recherche de sa mère musicienne. Pour savourer toute la douceur et la sensibilité de ce roman de Katherine Rundell, nous vous recommandons d’accompagner la lecture du Requiem de Gabriel Fauré. C’est ce morceau et le violoncelle qui tiennent lieu de cordon ombilical entre Sophie et sa maman. Cette quête maternelle et musicale va se faire sur les toits de Paris et donner au roman toute sa hauteur et sa poésie. Un très beau roman qui porte sur l’enfance un regard doux et humaniste.

Un livre magnifique, une merveille, un chef-d'œuvre. Un vrai! Le mot est si souvent galvaudé. Dans Nous, notre histoire, Yvan Pommaux raconte notre histoire, celle des hommes, des femmes et des enfants qui peuplent la terre depuis 150000 ans. C'est une histoire qui n'a pas de début (nous ne le connaissons pas) et pas de fin (nous ne la connaîtrons pas). En dépit des guerres qui nous ont opposés, nous avons inventé, travaillé, créé et transformé le monde. Nous nous sommes amusés. Nous avons fraternisé... Cet album permet d'observer ce que nous avons vécu durant tout ce temps. Nous, notre histoire est un album dont on souhaite que la lecture n'échappe à personne. Surtout pas aux plus jeunes et même pas aux adultes. Un hommage particulier à Nicole Pommaux, à la fois son épouse et coloriste. Elle contribue à faire de ces albums de véritables pépites.

Les trois protagonistes de cet album sont des enfants - à aucun moment nous ne voyons des adultes. Ces trois enfants habitent une vaste maison et prennent le temps de s’occuper du quotidien, des tâches à acquitter que nous rencontrons tous.

Cet album n’a pas d’autre histoire que celle où sont recensés les heures qui s’étirent et les moments qui nous permettent de passer une journée parfaite. Cela va de la réparation d’un objet cassé à une promenade, en passant par le temps que l’on prend à discuter avec ses amis.

Cette plongée dans ces occupations d’adultes, alors que ceux-ci sont totalement absents, fonctionne comme un rappel: il est important de garder son âme d’enfant et beaucoup de ces moments que l’on peut considérer parfois comme de la perte de temps doivent au contraire être vécus pleinement.

Chaque illustration est accompagnée d’une simple phrase qui résume tout. Beauté des illustrations et sobriété (et efficacité) du texte contribuent au charme de l'ensemble. Une journée parfaite est un album rempli de poésie, de cette petite chose qui touche chacun d’entre nous. C’est un véritable éloge au temps qui passe, au temps que l’on apprend à savourer, au temps que l’on prend, et pas à celui que l’on essaie vainement de gagner.

Angelina Codron, librairie Le Bateau Livre à Lille