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    24 juin 2015

    Au fil des ans et des morts !

    Auteur qui m’était jusqu’à ce jour inconnu et pourtant il n’est pas à son coup d’essai.
    Je le découvre en tant que membre du jury de l’Association des Ecrivains Bretons, mais pour un autre roman qui est la suite de celui-ci.
    Durant le prologue et le premier chapitre, nous faisons connaissance du narrateur de ce roman, un chêne plus que centenaire. En effet son histoire commence en Thermidor 1794. Modeste gland, il est recueilli par Marceline, une nonette, qui est chargée de remettre une lettre importante dans un monde à feu et à sang. Mais la route est longue et dangereuse ; alors elle accepte l’hospitalité d’une vieille et étrange femme, Ernestine, qui la détourne du droit chemin. Violée par un soudard qui en périra grâce à cette sorcière, elle donnera naissance à une lignée de descendants mâles qui seront tous prénommés Georges, Georges-Marcel, Georges-Irénée, ou Georges-Louis entre autres.
    Le chêne grandit et les siècles passent lentement mais sûrement… de malédictions en morts violentes, l’histoire du village s’écrit.
    Nous sommes en juin 2007, Chêne Fourchu est toujours là, bien vert et mémoire vivante du village de Martebrun ; les temps ont changé et la quiétude du village va voler en éclats.
    Même dans les époques les plus reculées et les plus violentes, le chiffre des décès de morts subites et particulièrement cruelles n’atteint pas ce nombre en si peu de temps.
    Alors évidement la police prend l’affaire très au sérieux car quelques notables (pas tous respectables) sont au nombre des cadavres découverts dans des positions pour le moins peu glorieuses.
    Le village et ses habitants sont passés au crible. Hugo Boscowich, qui a passé son enfance à la combe de Malfront, aide la police car il connait les us et coutumes de chacun, ainsi que certains cadavres cachés dans les placards.
    Beaucoup de personnages tout au long de ce livre qui nous fait en plus découvrir l’histoire avec un grand H de cette région autour de Lyon. Ce microcosme est un vase-clos où tous les habitants s’espionnent et se jalousent ; alors les coupables potentiels sont nombreux.
    La période contemporaine aussi est riche en hommes et femmes torturés, tourmentés par des fantômes personnels et qui semblent encore victimes d’ancestrales malédictions.
    Avec l’aide d’Hugo, la police officielle représentée par Line est sur les dents. Ils sont sur place, ainsi que d’autres fonctionnaires. Les habitants du village ont tous un rôle dans la bonne marche de la vie communale. Ainsi Augustin, ivrogne notoire et homme à tout faire, qui a découvert tous les corps des défunts dans différents endroits de ce charmant village ! Et comme c’est lui qui les enterre et il est un des suspects… parmi tant d’autres.
    Mathilde, veuve et ancien amour de jeunesse d’Hugo, et son entourage, Casimir, un serbe énigmatique et Célia, ancienne prostituée ramenée de Lyon un soir d’orgie par son mari.
    Un livre de plus de 350 pages où l’on ne s’ennuie jamais. Il est aussi très intéressant de découvrir un vocabulaire régional très imagé. Et un humour bon enfant qui détend dans cet océan de noirceur.
    Un second roman « Malfront. Les mémoires de Mathilde » reprend certains des personnages de cet ouvrage (enfin ceux qui ont survécu).
    Une découverte.