L'Ambition et le remords, Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005)
EAN13
9782213656359
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
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L'Ambition et le remords

Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005)

Fayard

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Le Parti socialiste français a dirigé pour la première fois un gouvernement il
y a près de soixante-dix ans. Il a exercé le pouvoir sous trois républiques et
il est devenu, plus encore sous le régime actuel que sous le précédent, un
parti du système, parvenant enfin, pendant trois législatures, à diriger ce «
gouvernement parfaitement normal de la nation tout entière » que Gaston
Defferre appelait jadis de ses voeux. C'est sous ces couleurs que François
Mitterrand a conquis la présidence de la République et il est l'un des deux
seuls partis français à pouvoir espérer raisonnablement gagner à nouveau cette
élection dans un avenir prévisible. Pourtant, paradoxalement, ce parti n'a
jamais assumé aisément son action gouvernementale. Il s'est généralement senti
soulagé quand il est retourné dans l'opposition, s'accusant lui-même, ou ceux
qui avaient gouverné en son nom, d'avoir trahi ses objectifs et son projet,
bref, de n'avoir pas conduit une véritable politique de gauche. Après chaque
défaite, envahi par le doute, il a recherché dans son identité originelle les
ressources nécessaires à l'élaboration d'un projet authentiquement socialiste.
Sa vocation gouvernementale, qui paraît établie, ne lui apparaît pas à
l'évidence comme le résultat et la preuve de ses succès. Au contraire, elle
suscite chez lui méfiance et suspicion. L'exercice du pouvoir ne le satisfait
pas, ne lui suffit pas. II veut autre chose. Comme le remarquait Léon Blum, il
veut accomplir des réformes qui laissent « une trace éblouissante ». D'où ses
déceptions répétées et son intention, réitérée régulièrement, de mener, la
fois suivante, une action enfin résolument transformatrice.

Chaque cycle de pouvoir débute ainsi par la réaffirmation de la doctrine,
puis, une fois au pouvoir, par un malaise croissant débouchant sur une
critique de l'action gouvernementale, des désillusions et l'appel à un retour
aux sources avec la réaffirmation d'une volonté de « rupture ».
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