- EAN13
- 9782724638271
- Éditeur
- Presses de Sciences Po
- Date de publication
- 03/03/2022
- Collection
- Essai
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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L’actualité judiciaire récente (Balladur, HSBC, Fillon ou Sarkozy) et celle
des mois à venir (Bolloré, Ghosn, Sarkozy) le confirment si besoin : les
transgressions des élites sont monnaie courante. Leur pérennité dans le monde
politique et économique suscite des indignations aussi régulières que
passagères. Ce type de réaction présente le défaut majeur de conforter les
stéréotypes les plus éculés du « mouton noir » ou du « tous pourris » et
d’occulter une approche plus structurelle : qu’est-ce qui rend possible ses
pratiques transgressives ? Des facteurs structuraux expliquent le rapport très
distant entretenu par les élites avec les normes sociales et leur sanction.
D’un côté, en tant que détentrices du pouvoir, les élites énoncent des règles
générales qui s’imposent aux gouvernés ; de l’autre, elles ont établi pour
elles des règles dérogatoires qui protègent leurs intérêts et leurs positions
et dont elles conservent la maîtrise. Si nécessaire, un vaste répertoire de
justification relativise leurs transgressions des normes communes. Il les
neutralise en évacuant les responsabilités et requalifiant les fautes
intentionnelles en erreurs excusables. Enfin, la faiblesse des sanctions
institutionnelles, en particulier judiciaires assure la robustesse de ce
système. Pierre Lascoumes est directeur de recherche CNRS au Centre d’études
européennes et de politique comparée de Sciences Po. Il est notamment l’auteur
de Une démocratie corruptible. Arrangements, favoritisme et conflits
d’intérêts (Seuil, 2011), Sociologie des élites délinquantes (avec Carla
Nagels, Armand Colin, 2e éd, 2018).
des mois à venir (Bolloré, Ghosn, Sarkozy) le confirment si besoin : les
transgressions des élites sont monnaie courante. Leur pérennité dans le monde
politique et économique suscite des indignations aussi régulières que
passagères. Ce type de réaction présente le défaut majeur de conforter les
stéréotypes les plus éculés du « mouton noir » ou du « tous pourris » et
d’occulter une approche plus structurelle : qu’est-ce qui rend possible ses
pratiques transgressives ? Des facteurs structuraux expliquent le rapport très
distant entretenu par les élites avec les normes sociales et leur sanction.
D’un côté, en tant que détentrices du pouvoir, les élites énoncent des règles
générales qui s’imposent aux gouvernés ; de l’autre, elles ont établi pour
elles des règles dérogatoires qui protègent leurs intérêts et leurs positions
et dont elles conservent la maîtrise. Si nécessaire, un vaste répertoire de
justification relativise leurs transgressions des normes communes. Il les
neutralise en évacuant les responsabilités et requalifiant les fautes
intentionnelles en erreurs excusables. Enfin, la faiblesse des sanctions
institutionnelles, en particulier judiciaires assure la robustesse de ce
système. Pierre Lascoumes est directeur de recherche CNRS au Centre d’études
européennes et de politique comparée de Sciences Po. Il est notamment l’auteur
de Une démocratie corruptible. Arrangements, favoritisme et conflits
d’intérêts (Seuil, 2011), Sociologie des élites délinquantes (avec Carla
Nagels, Armand Colin, 2e éd, 2018).
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