La chirurgie des âges, Corps, sexualité et représentations du sang
EAN13
9782735118069
Éditeur
Éditions de la Maison des sciences de l’homme
Date de publication
Collection
Ethnologie de la France
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La chirurgie des âges

Corps, sexualité et représentations du sang

Éditions de la Maison des sciences de l’homme

Ethnologie de la France

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« Il fallait bien y passer », telle est la phrase qui conclut l'évocation
douloureuse des opérations chirurgicales que subirent naguère des générations
d'enfants. Vers le début du XXe siècle, en quelques années, les amygdales, les
végétations, l'appendice sont devenus des organes non seulement inutiles mais
dangereux pour la croissance. Leur ablation se donne pour fin de débrider le
corps et l'esprit enfantins. Et sur ce point mères et médecins se sont,
pendant un long demi-siècle, accordés. La raison médicale de ces ablations
systématiques n'a pas résisté à la critique scientifique sans qu'elles
disparaissent pour autant. Ce qui reste parfois le « gagne-pain » de certains
chirurgiens ne peut donc s'appuyer que sur une raison culturelle capable de
justifier ces interventions. Suivant cette piste en anthropologue, Véronique
Moulinié découvre qu'une série constamment enrichie d'opérations marque, de
nos jours, les césures de l'âge. On opère moins les enfants mais on arrache
les dents de sagesse, on sectionne, parfois systématiquement, le périnée des
accouchées et, surtout, les ablations de l'utérus et de la prostate sont
communément attendues et interprétées comme marques d'entrée dans la
vieillesse. Quels principes organisent cette séquence chirurgicale ? Quelle
efficacité la justifie ? Pour répondre à ces questions, Véronique Moulinié
s'est mise patiemment à l'écoute d'un discours sur les temps de la vie qui, de
nos jours, prend souvent la forme d'un savoir partagé sur les âges critiques
du corps. Dans le milieu paysan et ouvrier aquitain où s'est déroulée son
enquête, la chirurgie des âges est venue s'inscrire dans le schéma des rythmes
de la physiologie, elle a contribué à le maintenir tout en le renouvelant.
Mais ce savoir complexe reste l'apanage des femmes. Il leur permet tout autant
de produire la différence entre filles et garçons que de lire selon une
périodicité féminine la physiologie de leurs époux muets quant aux secrets du
corps.
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