Etats-Unis
Quel roman époustouflant. J’ai adoré cette plongée dans l’histoire américaine depuis les premiers colons jusqu’à nos jours et même après.
J’ai aimé ce petit coin du Massachusetts, la maison jaune au fond du bois d’Oakfield.
J’ai aimé rencontrer ses occupants au fil des siècles : les premiers colons enlevés par les autochtones ; le père Osgood et ses jumelles qui développe la pommeraie ; le chasseur de puma qui agrandit la maison ; la mère et son fils schizophrène.
J’ai aimé que les anciens occupants de la maison n’en partent pas et habitent à leur façon la demeure. Et j’ai aimé que certains occupants sentent cette présence.
J’ai aimé deviner les époques à travers quelques détails.
J’ai aimé la nature omniprésente, même si certaines espèces me sont encore inconnues et le resteront sans doute. J’ai aimé lire ce foisonnement de plantes et d’animaux. Et j’ai été désolé de lire la destruction progressive de cette nature si généreuse.
J’ai aimé le puma concolor, fil conducteur tout au long des siècles, présent dans la forêt.
J’ai aimé les rideaux aux fenêtres qui indiquent la présence humaine qui ne veut pas se faire voir.
J’ai aimé, en fin de roman, que les personnages se croisent et se répondent à travers les siècles : le peintre William Henry Teale que découvre Nora la jeune chercheuse ; le poète Erasmus qu’étudie la soeur du garçon schizophrène…
Un grand roman américain écrit de façon très fine.
L’image que je retiendrai :
Celle de la hache omniprésente elle aussi dans toutes les histoires de vie de ce roman.
amour
Avant de commencer ce roman, mieux vaut avoir vu le film Elle et Lui de Leo McCarey de 1957 (la version du même réalisateur datant de 1939 est introuvable). Considéré comme l’un des plus grands films d’amour de tous les temps, il réunit Cary Grant et Deborah Kerr.
Bien évidement, j’ai regardé ce film que je n’avais pas vu, et je dois avouer que j’ai apprécié la projection. Pas au point de le revoir inlassablement comme les deux personnages du roman, mais j’ai aimé suivre les deux personnages du film lors de leur croisière et après.
Venons-en au livre : j’ai aimé que Pierre et Florence se rencontre lors d’un projection de Elle et Lui et que leur amitié prenne forme autour de repas dans des brasseries après les projections.
La seconde partie m’a moins plu, qui décrit la relation de Florence lorsqu’elle avait 23 ans avec un intellectuel viennois. Même si cette relation éclaire celle entre Pierre et Florence 50 ans plus tard.
La fin m’a séduite, différente de celle du film mais pas décevante.
Un roman court sur les sentiments qui font fit de l’âge.
Une citation tirée du film et reprise dans le roman :
Les bonnes choses sont illégales, immorales ou font grossir.
L’image que je retiendrai :
Celle de la lourde bague noir de Florence dont la provenance sera expliquée en seconde partie.
guerre
J’ai aimé le texte en exergue : le photographe existe vraiment mais il doit rester caché. Nous ne connaitrons jamais son nom ni dans quel pays il a vécu.
Rien n’est jamais dit de front, le narrateur use de périphrases pour parler de l’armée (les pantalons de tergal, les cheveux gominés), de son supérieur (Moustache frémissante), des fourgons rouillés qui transportent sa cargaison de suppliciés.
Le narrateur est photographe dans une morgue de la capitale et chargé de photographier les visages des morts de la veille. Au début du récit, ils sont peu nombreux, puis leur nombre va croissant, beaucoup trop au fur et à mesure du soulèvement populaire.
J’ai senti la peur monter, car le narrateur prend des risques en divulguant les photos qu’il a prise.
J’ai aimé son amour pour sa femme Ania qui l’encourage a avoir des rapports sociaux et à continuer ses divulgations. J’ai aimé son amour pour ses enfants Najma et Jamil qu’il ne peut voir autant qu’il veut. J’ai aimé son amour de son pays aux milles senteurs et saveurs.
Au fur et à mesure que les corps s’accumulent, la capitale devient une fournaise, l’atmosphère devient irrespirable, les employés doivent porter leur uniforme, ils sont de plus en plus fouillés, l’étau se ressert.
Il est maintes fois répété que le plus petit changement apporte le soupçon qui peut vous être fatal, que quiconque n’a pas le bon protecteur peut tomber en disgrâce, que seul le clan du président continue de vivre bien.
J’ai aimé les manifestants désignés comme ceux qui chantent et qui dansent.
J’ai aimé que le narrateur fasse voyager les morts sur sa clé USB, et que la liste des premiers morts soit si importante pour lui.
Un texte fort sur un homme comme les autre qui se révolte contre le pouvoir en place qui a perdu le sens de la mesure. Un homme qui risque sa vie pour témoigner des mensonges du président et de ses hommes.
L’image que je retiendrai :
Celle de la clé USB d’abord caché dans les gâteaux à la fleur d’oranger confectionnés par Ania.
panique
L'auteure réussit à rendre sensible à la crise de panique et aux problèmes engendrés par ce trouble.
J'ai aimé la mère de Maureen qui fait de l'humour pour dédramatiser les situations.
J'ai aimé l'ami Jérôme qui ne la lâche pas.
J'ai trouvé le début sur les explications un peu long, et j'aurais aimé que soit plus développé la vie de Maureen quand elle va mieux.
Un roman audacieux sur la maladie mentale.
Etats-Unis, vie moderne
Depuis le succès du premier roman de l’auteure, Betty, je n’avais rien lu d’autre. La lecture de son troisième roman fut un enchantement.
J’ai suivi avec passion Arc et Daffy, des jumelles aux yeux vairons, des billes de sorcières disait leur mamie Milkweed.
J’ai aimé que chaque personnage ait un nom ayant une signification : Arc est le diminutif de jeu d’arcade ; Daffy celui de daffodil le narcisse ; tante Clover porte le nom du trèfle ; mamie Milkweed celui de l’asclépiade…
Le récit se déroule à Chillicothe, Ohio, où la papeterie rejette des fumées nauséabondes. Arc et Daffy, avec leur mère et leur tante, habitent du mauvais côté des fumées. La mère, en pleine dépression, se drogue et ne sort pas de sa chambre.
J’ai aimé ce roman plein de personnages étranges : Highway Man le tatoueur congèle les serpents vivants puis les brises sur le sol ; l’homme de ménage Welt collectionne les larmes de femmes en vidéo ; l’homme araignée accroche les cheveux de petites filles sur la chaine de son cou.
Un univers bien glauque, mais traversé par des personnages de jeunes filles lumineuses : Thursday fabrique des bijoux ; Daffy écrit de la poésie et créé des catalogues de bulbes ; tante Clover imagine un téléphone avec deux boites de conserve et du fil ; les jumelles dessinent sur le sol de ciment leur gâteau d’anniversaire chaque année ; Violet cuisine des pâtisseries délicieuses.
J’ai aimé que ces filles tentent de s’en sortir, et j’ai été triste de voir qu’elles replongeaient dans la drogue malgré tout.
J’ai aimé le rappel à la courtepointe faite avec mamie Milkweed : le devant est magnifique, mais l’envers est plein de fils qu’il faut cacher. On peu rendre beau le côté sauvage.
Un roman plein de détails répétés : le chant Amazing Grace ; les aiguilles de seringues ou de crochets ; les couronnes des filles ; le vieux sac de l’armée du père ; les miroirs…
Un roman qui montre que le besoin d’amour peut conduire au pire.
Un roman qui met en lumière 6 femmes mortes et retrouvées dans la rivière : des femmes un peu sorcières, poètes à leur façon.
Un roman sur une fille qui raconte des histoires pour faire apparaitre le beau côté des événements.
Un roman plein de récits dedans.
Un roman élégiaque, mélancolique et triste, qui rend hommage aux femmes disparues de manière brutale sans coupable.
L’image que je retiendrai :
Celle de la couleur jaune des narcisses et autres objets de cette couleur présents dans le roman qui vient éclairer le décor gris de poussière.